Le mardi 7 avril 2024 a vu le Centre Antoine Lacassagne lancer une nouvelle activité : la Chimiothérapie Hyperthermique Intra-Péritonéale (CHIP). Elle a été proposée à une patiente atteinte d’un cancer de l’ovaire en carcinose péritonéale.

Cette première procédure s’est déroulée sans incident et sans complication post-opératoire après plusieurs semaines de travail par toute une équipe dynamique réunissant plusieurs corps de métiers (oncologues, chirurgiens gynécologues et digestifs, anesthésistes, pharmaciens, cadres de santé, infirmiers anesthésistes, de bloc opératoire et d’unités de soins…).

Si le cancer de l’ovaire est considéré comme une maladie rare (environ 4700 nouveaux cas par an en France), il n’en reste pas moins grave avec plus de 70% des patientes diagnostiquées au stade de carcinose péritonéale (atteinte tumorale intra-abdominale diffuse).

Toutefois, les avancées de la médecine et de la chirurgie permettent continuellement d’améliorer la survie globale, la survie sans récidive et la qualité de vie des patientes atteintes par ce cancer.

La chirurgie est une étape essentielle dans la prise en charge et peut se faire dès lors qu’il y a possibilité d’enlever toute la tumeur qui est visible à l’œil nu. Cette chirurgie, appelée cytoréduction, comprend au minimum la résection de l’utérus, des trompes et des ovaires ainsi que celle du grand épiploon (chappe de tissus graisseux tendue entre l’estomac et le colon). En cas d’extension de la carcinose, il est possible d’enlever des nodules envahissants du tube digestif (le plus sou- vent, le colon gauche du fait de la proximité avec les ovaires) ou du péritoine par exemple. Le tout, en restant adapté pour la qualité de vie des patientes en pesant la balance entre les bénéfices et les risques de la chirurgie.

Il est possible de proposer la chirurgie, dans la mesure où elle est faisable, dès le diagnostic de la maladie, entre les cures de chimiothérapie (chirurgie intervallaire) ou en fin de traitement (chirurgie de clôture). On peut proposer la chirurgie également en cas de récidive aux mêmes étapes de traitement. La qualité de la chirurgie, qui se doit d’être complète, est cruciale pour les résultats oncologiques des patientes.

C’est pourquoi il a été imposé, récemment, un seuil minimum de 20 prises en charge chirurgicales par an et par établissement hospitalier pour le cancer de l’ovaire du fait de l’importance de l’expertise que cette maladie nécessite. Le Centre Antoine Lacassagne se veut donc faire office de référence dans le traitement des patientes atteintes par ce cancer.

C’est pourquoi l’intégration de la CHIP dans le parcours chirurgical des patientes s’est faite naturellement. Cela correspond à un bain de chimiothérapie chauffé à 42°C pendant 60 à 90 min (suivant l’indication) dans le même temps opératoire que la chirurgie pour la carcinose péritonéale. L’objectif est de détruire les cellules tumorales invisibles à l’œil nu (maladie microscopique) après la chirurgie de cytoréduction qui, elle, traite la maladie visible (macroscopique). L’avantage est que cette procédure est étudiée depuis de nombreuses an- nées et n’offre donc pas de risque majoré de complication après l’intervention chirurgicale. Si elle a toujours été débattue du fait du manque de données robustes, c’est depuis 2018 qu’on note des études cliniques bien menées qui ont permis de montrer qu’en situation de chirurgie intervallaire (entre les cures de chimiothérapie) pour une première prise en charge tout comme pour une récidive, que la CHIP apporte un réel bénéfice pour les patientes. En effet, on peut voir une amélioration de survie globale de près de 12 mois et de survie sans récidive de 4 mois.

Les autres situations dans lesquelles il est possible d’employer la CHIP sont en cours d’évaluation via des essais cliniques multicentriques français et internationaux et devraient donner des résultats tout aussi prometteurs. Les équipes oncologiques médicales et chirurgicales du Centre Antoine Lacassagne ont à cœur d’améliorer les pratiques, optimiser les traitements et proposer des prises en charge pluridisciplinaires à la pointe de ce qu’il se fait dans les centres de recours pour les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire notamment.