Immunothérapie, la voie de recherche de demain
L’immunothérapie active en cancérologie fait appel à des traitements visant à activer le système immunitaire pour aider les défenses normales de l’organisme à combattre le cancer. C’est un domaine actuellement en plein développement.
Les premiers traitements utilisés, comme l’interféron ou l’interleukine 2, avaient une efficacité limitée et des effets secondaires fréquents. De nouveaux traitements ont depuis été développés. Leur but est d’obtenir une activation durable de l’immunité anti-cancéreuse, qui est déjà présente mais que le cancer sait contourner ou neutraliser, et d’induire des rémissions prolongées.
Ceci ne concerne pas l’immunothérapie passive, qui utilise des anticorps dirigés contre les cellules cancéreuses
Les traitements disponibles et la recherche
La première molécule ayant démontré son efficacité est l’ipilimumab, un anticorps dirigé contre des récepteurs présents à la surface des cellules de l’immunité (récepteurs CTLA-4) dont le rôle est d’inhiber la réponse immunitaires contre le cancer. En supprimant l’activation de ces récepteurs, on lève le frein du système immunitaire.Cette molécule a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en 2011 chez des patients porteurs d’un mélanome métastatique. Elle permet souvent une régression prolongée de la maladie.
L’ipilimumab a été suivi par d’autres médicaments, le nivolumab et le pembrolizumab (anticorps anti-PD-1), qui bloquent également des mécanismes qui permettent aux cellules cancéreuses d’échapper à la réaction immunitaire. Ils ont tous deux démontré leur efficacité par rapport à la chimiothérapie ou à l’ipilimumab, chez des patients avec un mélanome métastatique. Ces traitements sont disponibles depuis 2015.
Depuis, le nivolumab a également démontré une action dans d’autres localisations comme le cancer du poumon et dans le cancer du rein Les procédures réglementaires de mise à disposition du nivolumab pour la prescription dans ces 2 indications sont en cours. Le pembrolizumab, quant à lui, a également démontré son efficacité dans le cancer du poumon mais ne devrait pas être disponible à la prescription avant quelques mois.
L’immunothérapie, la voie de recherche pour demain
D’autres molécules ciblant les mêmes voies, mais également d’autres voies de signalisation des cellules immunitaires sont en développement dans la plupart des localisations cancéreuses.
Des pistes très prometteuses de traitement s’ouvrent et le Centre Antoine Lacassagne, avec déjà plus de 10 essais thérapeutiques en cours ou à venir dans les cancers ORL, digestifs, du sein, du poumon, de la vessie, du rein et autres tumeurs solides, est un des pionniers à s’engager dans cette voie de recherche.
Les modalités pratiques
Ces médicaments doivent être prescrits par un médecin spécialiste (oncologue médical). Leur administration se fait par voie intraveineuse en milieu hospitalier, le plus souvent en hôpital de jour, à intervalle régulier, généralement tous les 15 à 21 jours.
Les effets secondaires
Globalement, ces nouveaux traitements d’immunothérapie sont plutôt bien tolérés. Les effets secondaires, sont variables selon les produits, mais sont différents de ceux habituellement observés avec les chimiothérapies ou les thérapies dites «ciblées».
On parle d’effets secondaires «immuno-médiés», qui touchent essentiellement
- La peau : éruption cutanée, démangeaisons
- Le tube digestif : douleurs abdominales et diarrhées
- Le système endocrinien : dérèglement de la thyroïde, du système hormonal
- Le foie : « hépatite » avec élévation des enzymes hépatiques
On observe rarement des atteintes pulmonaires et rénales.
Il est donc essentiel de rechercher ces effets secondaires systématiquement avant chaque injection de traitement, par un examen clinique approfondi et un bilan biologique complet.