La curiethérapie
dans le traitement du cancer de la prostate
La curiethérapie est un traitement local du cancer.
Il s’agit de l’un des traitements possibles lors de la prise en charge des cancers de prostate localisés.
La curiethérapie de la prostate consiste à placer des sources radioactives à l’intérieur de la prostate qui vont émettre des rayonnements ionisants détruisant les cellules cancéreuses.
Intérêts de la curiethérapie
La dose de rayonnement décroit très rapidement lorsque l’on s’éloigne de la source radioactive ce qui permet de protéger d’avantage les tissus sains avoisinants (comme la vessie, le rectum et les intestins), en comparaison à une radiothérapie externe.
Cela permet également d’augmenter la dose de rayonnement délivrée au cancer, ce qui dans certains cas, peut améliorer le contrôle de la maladie. Par ailleurs, le dispositif aura l’avantage de suivre les mouvements de la prostate.
Il existe deux formes de curiethérapie :
• par implants permanents de grains d’iode 125, qui restent positionnés dans la prostate à vie, mais qui ne seront actifs que quelques mois.
• par implants temporaires, généralement de sources d’iridium 192, appelée technique à haut débit de dose. La source radioactive n’est alors présente dans la prostate du patient que pendant les quelques dizaines de minutes de traitement.
Indications
Les modalités de prise en charge d’un cancer de prostate sont discutées en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire.
Lorsque le cancer est localisé et à faible risque ou à risque intermédiaire favorable de récidive (selon la classification d’Amico), la curiethérapie peut être proposée comme traitement à visée curative, au même titre que la prostatectomie ou la radiothérapie externe. Ces traitements sont équivalents en terme d’efficacité.
Lorsque le cancer de prostate est localisé à risque intermédiaire défavorable ou à haut risque de récidive, la curiethérapie peut être réalisée en « boost » d’une radiothérapie externe, c’est-à-dire que l’on combine les deux traitements pour augmenter la dose de rayonnement à la tumeur et ainsi l’efficacité du traitement. Elle est alors réalisée avant ou après la radiothérapie externe, dont le nombre de séances est diminué le plus souvent de 40 à 23 séances. Une hormonothérapie est prescrite la plupart du temps pour accompagner ce traitement.
Enfin, lorsque le cancer récidive dans la prostate malgré un précédent traitement par radiothérapie, on parle de curiethérapie de rattrapage.
Parfois, certains critères peuvent contre-indiquer une curiethérapie (très mauvaise fonction urinaire, volume de prostate trop important…). L’expertise du curiethérapeute est nécessaire pour sélectionner les patients qui peuvent profiter de ce traitement.
Pourquoi ai-je peu entendu parler de la curiethérapie ?
Historiquement, la curiethérapie est une des premières techniques d’irradiation : elle a donc pu avec le temps bénéficier de toutes les avancées médicales, technologiques et informatiques. Aujourd’hui c’est une technique efficace et sure.
Actuellement, malgré son efficacité, la curiethérapie est souvent présentée et perçue par les patients et certains soignants comme un traitement invasif. Il est donc important de fournir des éléments factuels permettant aux patients et aux soignants de se faire une idée objective sur ce traitement qui présente de nombreux avantages.
Seulement 33% des centres anti-cancer de France sont en capacité de proposer ce traitement qui nécessite un matériel spécifique ainsi qu’une expertise médicale et paramédicale.
Concrètement, comment se passe un traitement ?
Vous trouverez ci-dessous un court film reprenant les différentes étapes de la réalisation d’une curiethérapie de prostate avec une source d’Iridium 192 (curiethérapie à haut débit de dose), effectuée dans le cadre d’un boost (c’est-à-dire que le patient n’aura qu’une séance de curiethérapie) au sein du Centre Antoine Lacassagne.
Voici les différentes étapes de l’intervention :
• Hospitalisation la veille du geste.
• Arrivée au bloc opératoire et réalisation de l’anesthésie. Celle-ci est souvent proposée en anesthésie locorégionale (rachianesthésie avec sophrologie/casque de réalité virtuelle) afin d’éviter l’anesthésie générale.
• Mise en place d’une sonde urinaire et de 17 à 21 cathéters de curiethérapie, sous repérage par échographie endorectale. Cette phase de mise en place dure environ 20 à 30 minutes. A partir de ce moment, le patient ne peut plus se lever ou s’assoir pour ne pas mobiliser le matériel.
• Réalisation du scanner de dosimétrie permettant au curiethérapeute de définir la zone à traiter et les organes à protéger.
• Le curiethérapeute prépare le plan dosimétrique avec l’aide d’un physicien.
• Réalisation du traitement dans la salle de curiethérapie. Des manipulateurs relient les cathéters de curiethérapie à des gaines vectrices qui sont connectées au projecteur qui contient la source radioactive. Des doubles contrôles sont effectués au pupitre de la salle de traitement. Le traitement est tout à fait indolore et dure environ 20 à 45 minutes.
• Retrait du matériel. Lorsque la réalisation d’autres séances est nécessaire, celles-ci sont espacées d’au moins 6 heures. Entre chaque séance, le patient remonte dans sa chambre qui est une chambre d’hospitalisation agréable, non plombée.
• Dès la réalisation du retrait, mise en route de lavages abondants par la sonde urinaire pour prévenir le risque d’hématurie (sang dans les urines), qui est très habituelle en curiethérapie de prostate.
• Dès que les urines sont claires, les lavages urinaires sont arrêtés puis la sonde urinaire retirée. Lorsque le patient reprend une miction normale, il peut rentrer à son domicile. L’hospitalisation aura duré en moyenne 2 à 3 jours.
• Un rendez-vous de contrôle à 1 mois est programmé avec le curiethérapeute.
Quelles sont les complications aigues de la curiethérapie ?
Les complications aiguës apparaissent généralement une à deux semaines après le début du traitement. Elles sont essentiellement de deux types :
• Urinaires : brûlures, mictions fréquentes, retard à la miction, spasmes vésicaux, incontinence relative.
• Digestives : sang dans les selles, hémorroïdes, glaires rectales, faux besoins, tension douloureuse du rectum, diarrhée, douleur abdominale.
Les complications aiguës disparaissent généralement dans les deux mois qui suivent l’arrêt de la radiothérapie.
Conseils hygiéno-diététiques
Il est recommandé de boire au moins 2 litres d’eau par jour.
Un régime alimentaire pauvre en fibres est donné en cas d’apparition des signes digestifs.
Les rapports sexuels ne sont pas contre indiqués durant le traitement mais l’éjaculation peut entraîner une gêne légèrement douloureuse.
Prescriptions médicamenteuses possibles
Complications urinaires :
• Alphabloquant sélectif dans les cystites radiques parfois associé à un Anti Inflammatoire Non Stéroïdien.
Complications digestives :
• Anti diarrhéiques, antispasmodiques et protecteurs de la muqueuse digestive.
Quelles sont les complications tardives de l’irradiation ?
Toxicité urinaire : le plus souvent, il n’y a pas de signes urinaires, on note parfois des complications minimes à type de gêne à la miction et rarement des saignements.
Toxicité digestive : les saignements sont plus fréquents notamment en cas de constipation et/ou de prise d’anticoagulants. On note également des épisodes de diarrhée en cas de régime riche en fibres.
Toxicité sexuelle : le taux de conservation de la puissance sexuelle est compris entre 40% et 60% selon le traitement (radiothérapie externe ou curiethérapie).
Les troubles de l’érection peuvent être corrigés par la prise de Sildénafil per os dans près de 80% des cas.
Quel sera votre calendrier de surveillance ?
La surveillance se fait tous les 6 mois durant les 5 premières années au mieux en alternance entre l’urologue et le radiothérapeute. Cette surveillance est destinée à mettre en évidence une éventuelle complication tardive et/ou une récidive du cancer de prostate.
Y a-t-il un bilan biologique à pratiquer ?
Seul le dosage du taux de PSA total doit être réalisé.
Dans certains cas le taux de testostérone peut être dosé.
Le dosage du PSA se fait tous les 6 mois.
En cas de question, n’hésitez pas à appeler
le secrétariat de Curiethérapie au 04.92.03.12.69